Bonjour à tous,

La semaine passée, j’ai été contactée par Arcinfo pour un article concernant la Case à Chocs qui est sorti le vendredi 11 janvier.

Je fais peut-être une erreur en alimentant ce débat, mais puisque je suis déjà cité, je me suis dit que j’étais déjà impliqué, donc bon, autant assumer.

Merci à tous ceux qui ont réagi et qui me l’ont transmis, d’ailleurs. Si vous ne l’avez pas lu (et que vous êtes abonnés), vous pouvez le lire en cliquant ici.

Tout d’abord, un petit erratum, car il est possible que je n’aie pas été suffisamment clair avec la journaliste qui l’a écrit.

Dire que je ne me suis jamais produit à la Case n’est pas tout à fait exact. En fait, j’y ai déjà joué à plusieurs occasions. Ce que j’ai vraiment voulu dire, c’est que je n’ai jamais été programmé, par la Case. C’est-à-dire que mon nom n’est jamais apparu sur leurs programmes officiels (non pas que j’aie cherché à ce qu’il le soit, pour les raisons que vous allez lire). J’y ai toujours joué dans le cadre d’autres évènements (festivals, anniversaire de BBM74 pour ne citer que ceux qui me viennent en tête).

Voilà, je pensais que ça devait être précisé.


 

Maintenant, l’article en question. Si j’ai bien tout compris, cette histoire est partie d’une simple interrogation : comment obtenir un local de répète à la Case (Dieu sait que ça me parle étant donné le mal qu’on eu il y a quelques années à obtenir le local dans lequel je me trouve actuellement).

Ceux qui me connaissent reconnaîtront bien mes propos dans l’article 🙂

« Si c’est aussi nébuleux que ça, je ne veux pas chercher plus loin. »

Je ne suis en effet pas du genre à aimer m’attarder sur des situations mal définies et opaques quand je sens qu’il y a moyen de faire autrement et plus simple. J’aime bien quand c’est simple. J’aime bien quand c’est clair. En fait, le problème pour moi n’est pas tant que la Case n’aide pas assez les artistes locaux. Le problème c’est que rien n’est vraiment clair sur comment entrer en relation avec eux. Avant d’être contacté pour cet article d’Arcinfo, j’ignorais même que la Case avait une mission d’aide aux artistes locaux, c’est dire.

De ma fenêtre et depuis que je suis jeune, la Case programme et a toujours programmé des artistes ou des évènements d’envergure plus grande locale. Perso, les artistes locaux, je les vois au Kiosk Art, je les vois au Bar King, je les vois au Salon du Bleu Café, je les vois parfois mais plus rarement au Cerf. Je les vois parfois au Queen Kong Club, qui est l’étage au-dessus de la Case, mais rarement à la Case, même.

Ou alors, ce sont des associations ou des fondations qui ont suffisamment de moyens pour s’offrir la location de la salle pour leur évènement, et à ce moment-là, la Case agirait bien plus comme un prestataire de service standard mettant une infrastructure à disposition, que comme la locomotive de développement d’une vie artistique locale.

Tout ce que je sais de la Case et de son fonctionnement interne vient de bruits de couloirs, de rumeurs et autres conjectures. Jamais confirmées, jamais démenties. C’est pas clair.


Il y a cette phrase de Diane Rodrigues (chargé de communication à la Case) qui commence par :

« Notre but est de professionnaliser les artistes régionaux[…] »

Et honnêtement, je suis peut-être parano, mais je perçois un truc derrière cette phrase qui fait écho à une anecdote personnelle.

A une certaine époque, il y a assez longtemps, je cherchais quelqu’un pour m’aider à trouver des concerts. J’étais motivé à toutes les concessions, je voulais simplement jouer. J’ai donc pris contact avec une personne dont j’ai oublié le nom et qui se présentait comme manager. Elle m’a répondu en substance quelque chose comme « pour que je puisse être votre manager, il faudrait que vous ayez plus de dates ». Mais c’est exactement pour avoir plus de dates que j’avais besoin d’elle. Donc il aurait fallu que je fasse moi-même le boulot pour lequel j’avais besoin de son aide et que j’avais tant bien que mal fait sans elle jusque là.

C’est un peu comme dans ce sketche de la boite de nuit de Gad Elmaleh, lorsque le videur refuse de le laisser entrer sous prétexte que c’est pour les habitués, et qu’il lui répond « d’où tu veux qu’on s’habitue si tu nous laisses pas entrer la première fois ? »

Après, je ne blâme pas cette personne et la réalité de son activité, mais vous voyez un peu le genre de cercle vicieux dans lequel on navigue.

Pour revenir à la Case, j’ai un peu le pressentiment que c’est le même type de cercle vicieux. Ca ne m’étonnerait pas qu’elle « professionnalise » les artistes qui sont déjà professionnels (je donnerai mon avis sur la notion de professionalisme à la fin). Un sentiment renforcé par cette autre citation.

« Les artistes sont choisis selon la qualité de leur projet[…] »

Donc, si je conjecture, la qualité d’un projet qu’on aurait bâti sans l’aide de la Case et qu’on pourrait, du coup, tout à fait continuer à développer sans elle, ou avec d’autres soutiens. Ca voudrait dire, si je tente une comparaison, que la Case jouerait le rôle de propulseurs d’appoint, pour une voiture de course qui serait déjà dans le peloton de tête. Question : cette voiture qui gagne a-t-elle vraiment besoin d’être encore boostée à ce point ?

Ma métapahore s’arrête là, puisque le milieu artistique ne devrait jamais être une compétition. Mais une collaboration.

Mais n’allez pas mal interpréter mes propos, je ne reproche pas à la Case d’avoir des ambitions de qualité, pas du tout.


Le fait est -et je ne parle qu’en mon nom- que je ne sais pas ce qui se passe à la Case. Et encore moins comment y jouer ou même s’il est encore possible d’obtenir un local là-bas, c’est là-dessus que je suis tout à fait d’accord avec Samuel Zbinden :

« [La Case] devrait nous expliquer les critères qu’il faut remplir pour jouer, afin que nous puissions nous remettre en question ».

Là, pour le coup, elle remplirait bien son cahier des charges de professionnaliser les artistes locaux.

Après, je comprends la problématique du public soulevée par Jean Geissbühler (musicien et producteur) :

« […]si un artiste ne fait venir personne, c’est compliqué. »

Sauf que j’ai du public. Des amis, de la famille, des contacts et autres à travers tout le canton qui me demandent régulièrement quand est-ce que je fais une date à Neuchâtel.

Alors en effet mon public actuel ne remplirait peut-être pas la Case, mais c’est un autre cercle vicieux : je ne peux pas garantir une salle pleine DONC…
On ne me programme pas DONC…
Je ne peux pas jouer plus souvent DONC…
Je ne peux pas me faire plus connaître DONC…
Je ne peux pas remplir les salles DONC…
On ne me programme pas DONC…
etc.
Je ne veux pas présumer, mais je soupçonne bien des artistes et des groupes de partager ce sentiment.

Il y a bien sûr la composante de la promotion, mais c’est à ce moment-là que rentre la notion du budget marketing. Et tout le monde sait qu’une bonne promotion coûte cher, très cher. Ajouté à l’argent, le temps dépensé (puisque de nos jours un artiste fait quasiment tout tout seul), tout ça pour un concert qui ne ramènera finalement que peu de monde. Alors je suis d’accord que « l’énergie que les artistes mettent dans la promotion de leur projet » entre en ligne de compte, mais l’énergie n’est pas illimitée et parfois c’est simplement trop. Dans les dernières années, j’ai perdu 3 projets qui ont arrêté parce qu’ils n’en pouvaient plus. Et de bons projets. Et populaires dans leur région, pour la plupart. Avec l’un de ces projets, nous avons joué au Casino du Lac à Genève, pas plus tard qu’à Nouvel An.

Ce ne sont pas que des projets de la région, puisque j’ai aussi accompagné beaucoup d’artistes vaudois, genevois ou valaisans qui ont trouvé le moyen de se produire dans presque tous les cantons romands… sauf Neuchâtel. Je perçois peut-être une causalité qui n’existe pas, mais ça a le mérite de poser la question de l’accessibilité du milieu musical neuchâtelois. Encore une fois, c’est pas clair.

Et même si « le milieu culturel bouge sans arrêt », comme le mentionne avec justesse Mme Rodrigues, la Case ne peut nier qu’elle est une force motrice de ce milieu culturel et que si elle n’a pas la capacité de diriger ce mouvement, elle a tout de même celle de l’influencer un peu.


En conclusion, il manque à Neuchâtel un niveau qui se situerait entre les artistes talentueux mais qui n’ont pas la tribune qu’ils méritent et les artistes qui sont déjà au niveau « professionnalisables » par la Case. Donc, et pour faire écho à une réponse de Thomas Facchinetti (conseiller communal en charge de la culture) dans l’article : oui, il manque un endroit pour les artistes soi-disant débutants.

Et la Case, semble-t-il, a prévu quelque chose à ce sujet, je me réjouis de voir de quoi il s’agira, même si au terme d’une recherche (certes rapide), je n’ai rien trouvé, ni sur les Embrayages, ni sur le Local Fest.

Dernière remarque un peu hors sujet, qui est un coup de gueule mais très léger : pour rester clair, j’ai utilisé le même vocabulaire que celui employé par les intéressés dans l’article, mais on ferait beaucoup de bien à beaucoup de gens si on arrêtait d’utiliser des qualificatifs tels que « débutant », « amateur » ou « professionnel », car ce sont des mots qui sur le terrain ne veulent pas dire grand chose. J’ai vu des performances à grand renfort de budget absolument mal exécutées, et j’ai vu des petits concerts intimistes dignes des meilleurs professionnels.

Ces étiquettes ne servent à rien. La vérité, c’est qu’il y a tout un dégradé de nuances entre le soi-disant débutant et le soi-disant professionnel. A moins que « professionnel » ne prennent en compte d’autres critères que la maîtrise et l’expérience de scène, auquel cas, oubliez ce que je viens d’écrire.

Au final, il y a une chose sur laquelle nous tombons d’accord, Diane Rodrigues et moi :

« Pour les groupes, il est difficile de trouver des dates car les salles ont énormément de peine à tourner. »

Ce qui pose une question simple : si ce n’est pas la Case, alors qui a le pouvoir d’améliorer cette situation ?


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