Je vais vous raconter une longue histoire, qui n’a rien à voir avec la musique (et croyez bien que je le regrette).
Ma famille a toujours été assurée chez la CSS (parce qu’à une époque lointaine, très lointaine, c’était avantageux, oui je sais personne ne s’en souvient, même pas moi) et quand est venue la majorité, le temps pour moi de payer moi-même mes assurances, j’ai découvert le montant effarant que ma mère payait pour mon frère et moi. J’ai donc décidé de changer d’assurance maladie et ce n’était pas le rabais ridicule d’ancienneté qui allait me faire changer d’avis. A cette époque, on en était à des primes de 380 et des broutilles, si ma mémoire est bonne (ce qu’elle n’est pas, je grossis peut-être un peu).
C’est à cette époque qu’un ami, que rétrospectivement je conçois plutôt comme un ex-ami et que je vais désormais appeler Jordan Belfort (pour ceux qui ont la référence), travaillant pour AWD (compagnie d’escr… euh, de courtiers en assurance, aujourd’hui disparue, car avalée par Swiss Life, je crois) a décidé de me faire signer un contrat d’assurance chez Sanitas. Un contrat de cinq ans sans possibilité de le modifier. Or, rappelez-vous, je venais d’atteindre la majorité. J’ignorais tout de la hausse annuelle et asymptotique des primes, personne ne m’avait expliqué notre système de mer… euh, de santé, à l’époque. Fraîchement majeur, et nouvellement débarqué dans le monde de la suradministration outrancière, je ne concevais ni pourquoi ni comment le montant de mes primes pouvait bouger d’année en année. Bref.
Réalisant mon erreur, j’ai commencé à m’informer plus avant sur ce sujet dans l’espoir de la corriger, et j’ai compris que j’étais durablement tombé dans un piège, que les actions conjointes de l’État, des assurances et de Jordan & consors avaient tendu pour moi. Grâce à eux, j’ai donc développé pendant 5 ans une frustration qui s’est transformé en haine tenace et solide contre Sanitas d’abord, contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à une assurance ensuite, et enfin contre la Suisse, son administration, son système et tous ceux qui le soutiennent dans son état actuel.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, puisque je vis désormais l’acte trois.
En effet, nous sommes 5 ans plus tard, en 2019. En cette période bénie, ma prime d’assurance est de 480CHF et des poussières. Cela fait donc un an que ma demande pour des subsides aux assurances maladies a été acceptée et que j’en bénéficie. Ça coïncide (comme par hasard) avec ma dernière année de prison chez Alcatraz Sanitas, puisque, prêt à tout pour améliorer ma situation et arrêter de me faire enfler, j’ai travaillé d’arrache-pied d’octobre à décembre afin de profiter de la fin de mon contrat, solder mes dettes chez Sanitas, et quitter définitivement ce repaire de voleurs et d’escrocs. C’était tellement une priorité que j’ai relégué au second plan toute autre facture, courrier, etc. Toutes les fins d’années sont chiantes, mais la fin 2019, je m’en souviendrai.
Et j’ai réussi… mais pas pour longtemps. Voilà la suite de l’histoire.
Si occupé que j’étais à me libérer de l’influence de cette mafia, je n’avais pas vu ce petit courrier tout discret, mais néanmoins si important du département santé de Neuchâtel. Cette petite enveloppe reçue en pleine tourmente et contenant un coupon-réponse à renvoyer im-pé-ra-ti-ve-ment. Coupon qui me demandait si je souhaitais toujours bénéficier des subsides (question con, s’il en est). Et c’est en téléphonant à ma nouvelle assurance, un peu interpelé par un courrier concernant une révision du montant de mes primes (qui entre parenthèse, ressemblent furieusement aux montants de Sanitas, mais apparemment pour le même prix, Sanitas n’assurait quasi rien, là où Visana joue quand même un peu plus son rôle), que j’ai appris que, je cite, « l’aide cantonale » m’a été retirée. Super.
De téléphone en téléphone donc, j’apprends l’existence du coupon-réponse (que je n’ai à ce jour pas retrouvé) et je finis par me retrouver au Guichet Social Romand du Locle, pour refaire la même demande, parce que bien sûr, je n’ai rien d’autre à faire. Alors, un peu curieux quand même, je pose la question à la dame du GSR en face de moi (sympathique, au demeurant). Je lui demande si cette histoire de coupon-réponse est régulière, si c’est chaque année, si on m’avait prévenu que j’allais le recevoir et que j’ai oublié (ce qui est possible). Elle me réponds, je vous le donne en mille : « non, en fait, ça dépend, c’est pas du tout régulier, c’est même plutôt aléatoire, on sait pas ».
Aléatoire ? Ben, mon cochon ! Le plus beau, c’est que le jour même où j’étais au guichet, je découvre une lettre de Sanitas (décidément, comme dit le roi, j’ai connu des cafards moins opiniâtres), qui me demande le remboursement d’une année de subsides d’un seul coup. Un peu plus de 5000 CHF, au bas mot. Et voilà où j’en suis.
Donc, là, je me pose plusieurs questions : est-ce qu’il y a un moment où une assurance maladie fait son boulot et nous assure contre la maladie, au lieu de gratter du fric là où y en a pas, comme des junkies cherchent leur fix dans les quartiers chics ? Est-ce que j’ai tort d’avoir l’impression qu’on s’acharne ? Est-ce que j’ai le droit de me plaindre, où c’est trop tôt ? Et surtout, est-ce qu’il y a un moment où tout ça est illégal ?
J’écris cet article parce que j’en ai marre d’être un suisse poli et propre sur lui. J’en ai marre d’être obligé de tout accepter sans rien dire. Donc je vais le dire, et je vais l’écrire. Parce qu’il est intolérable pour moi de constater que tout le monde se fait avoir (sauf les riches) et que personne ne semble vouloir même juste en parler. J’écris cet article pour clairement donner mon retour d’expérience (et contrairement à mes habitudes, le but est de ne SURTOUT PAS être impartial) et peut-être aussi pour retrouver ceux qui ont eu ou qui ont des expériences similaires. Parce que je ne peux pas être le seul, c’est pas possible.
Les assurances, c’est de la merde. Je persiste et signe.
Ce ne sont que des machines à pomper du fric et de l’énergie aux honnêtes gens, qui ont renié leur raison d’être initiale (nous assurer) pour devenir des repaires de mafieux arrivistes et qui, par conséquent, ne servent plus à rien et se contente de phagocyter goulûment tout le système en Suisse. Et je vous dis ça après 5 ans d’observation. Et dorénavant, la moindre pétition, la moindre votation, qui pourrait contribuer à les affaiblir même un peu, je signe. Peu importe le parti (de toute façon, si voter changeait quelque chose… n’est-ce pas Coluche ?)
Les assurances doivent changer. Ou disparaître. Si le monde doit s’effondrer, j’espère que ça commencera par les assurances et j’espère être encore vivant pour voir le spectacle. Désolé pour tous les honnêtes gens qui y travaillent. Et pour les gens moins honnêtes, allez bien vous faire voir.